Lacs Bleus de l'Altaï - 1

Les Lacs Bleus de l'Altaï (première partie)

S'il est un endroit au monde dépaysant au monde c'est bien la République d'Altai, un territoire à peine plus grand que la région Occitanie, mais peuplé seulement de 215 000 habitants (en 2016) à la pointe sud de la Sibérie, au centre de l'Asie, calé entre la Russie, le Kazakhstan, la Chine et la Mongolie.

Pour ce voyage, je me suis adressé à l'agence Turimpeks représentée principalement par Ekaterina avec qui je l'ai préparé avec l'aide d'Ania de l'Association Pouchkine. Ekaterina a eu la gentillesse de m'accueillir à mon arrivée et d'adapter les excursions à mes souhaits, étant donné que je ne voyageais pas avec un groupe défini.

A Mangerok le visiteur est immédiatement plongé dans un monde proche de la nature, ce qui n'est pas pour me déplaire compte tenu que j'ai l'habitude de randonner dans les Pyrénées.  

Le Centre Touristique "Mangerok", c'est le nom du site ou j'ai séjourné du 13 au 25 septembre et que j'appellerai Tour-Mangerok dans les commentaires qui suivent, est situé dans une pinède entre la Voie de Tchouïa et la rivière Katoun.

J'étais logé dans une chambre, sans luxe mais confortable du pavillon "Alexandra" dont le petit balcon donnait directement sur la Katoun avec un superbe point de vue sur la rivière située à une vingtaine de mètres.

Le pavillon "Alexandra"

Tour-Mangerok propose des excursions par demi journées ou par journées entières à partir du site, de ce fait la plupart des repas étaient pris dans la salle de restaurant, avec les guides, les moniteurs et le personnel de l'agence. Les menus du petit déjeuner étaient copieux, au déjeuner et au dîner les plats étaient simples, confectionnés avec des produits locaux et suffisamment nourrissants pour de faire face aux températures fraîches de l'Altaï. Les boissons appelés localement  "thé" étaient concoctés avec les plantes aromatiques typiques de l'altaï. J'ai fait une véritable cure d'herbes qui ont pour nom: thym, badan, potentille arbustive, mélisse, menthe, feuilles de fraisier, lavande, camomille, groseille, et fruits rouges...

Vu le nombre de lieux visités j'ai opté pour une présentation au fil des évènements divisée en plusieurs parties. 

L'avion de la S7 sur le tarmak de Novossibirsk

J'ai pris mon départ le 12 septembre à 10 heures, pour l'aéroport de Toulouse-Blagnac, mon premier avion devant décoller à 14 heures. Pourquoi partir si tôt ? En fait, des manifestations étaient prévues sur Toulouse, donc par sécurité j'ai préféré avancer mon départ d'une heure. Peine perdue, car je n'ai eu aucun retard sur la route mais par contre le chargement des bagages dans l'avion d'un groupe de touristes asiatiques a pris 45 minutes, affolant! C'était du temps en moins pour mon transfert à Amsterdam, qui très heureusement s'est bien passé. Il en fut de même pour le vol Amsterdam/Moscou. A minuit j'ai pris mon troisième avion et 4 heures plus tard j'atterrissais à Novossibirsk, 3ème ville de Russie.

Mercredi 13 septembre.

A Novossibirsk je suis monté dans un superbe Airbus vert de la compagnie S7 (Sibir) pour me poser comme prévu vers 14 heures 30 à Gorno-Altaïsk, capitale de la République d'Altaï.

Les méandres et les bras de la Katoun à Platovo.

Peu avant l'atterrissage j'ai pu prendre quelques photos du paysage qui défilait sous l'avion.

A l'arrivée, tout est allé très vite, en un quart d'heure j'ai récupéré mon bagage et j'ai rejoint Nikolaï le chauffeur de Tour-Mangerok venu me chercher comme convenu.

Tracé de mon voyage sur la carte de la Russie

Malgré les quelques inquiétudes du départ le voyage s'est déroulé comme prévu, j'ai mis le pied sur la terre d'Altaï un peu fatigué mais heureux d'être arrivé a bon port. A Mangerok, je fus accueilli chaleureusement par Ekaterina, la responsable avec qui j'ai effectué les formalités d'usage, le paiement du séjour et mon istallation.

Plan du Complexe Touristique Mangerok

Après avoir pris possession de ma chambre au premier étage du pavillon "Alexandra" je suis invité à me rendre au centre de balnéothérapie, pour une "procédure", séance d'halothérapie que j'ai partagée avec un couple de russes. Cela se passe dans une pièce, une grotte de sels, dans laquelle on peut entrer jusqu'à huit personnes. La séance se passe sous lumière douce, avec diffusion de vapeurs de plantes aromatiques de l'Altaï et de musique apaisante. Au bout de 40 minutes je suis sorti complètement détendu, dans un état de sérénité totale. En fin de séance nous avons été invités dans un petit salon à partager le thé sucré au miel de l'Altaï. Après une grosse journée de voyage et cette agréable séance de relaxation, j'étais prêt à affronter les pires journées qui auraient pu m'arriver.

La grotte (Пешера) de relaxation

La Montagne Bleue (Malaïa Ciniouka) et la Katoun le matin

Avant d'aller me coucher je fais une petite promenade sur les bords de la Katoun, rivière mythique qui traverse la république d'Altaï. La Katoun  prend sa source dans le glacier Gebler sur les flancs du Mont Beloukha, point culminant de l'Altai (4506 m). Après 688 km et 2000 m de dénivelé la Katoun se mêle à la Biia qui sort du Lac Teletskoïe. Leur convergence forme l'Ob, un des plus grands fleuves de Sibérie (3650 m) qui se déverse dans la mer de Kara et l'Océan Arctique. (Voir la carte)

Contemplation sur la plage de la Katoun en fin de soirée

Jeudi 14 septembre

Pour la première excursion de mon séjour, cela commence fort, au programme, la visite du lac Teletskoïe. Après deux heures et demie de route cahoteuse nous arrivons à Artibach, village situé à la pointe nord du lac. Le long du trajet, épisodiquement des habitants sont assis derrière une table et vendent les produits locaux, miel, champignons, plantes aromatiques ou d'artisanat.

Vendeuse de miel et de produits locaux

Le lac Teletskoïe est la deuxième réserve d'eau douce de Sibérie après le lac Baïkal. Il mesure 78 km de long, 233 km2 et 174 m de profondeur moyenne (maximum 325 m). Nous n'en parcourrons que la moitié, la partie nord étant celle qui présente le plus d'intérêt.

A Artibach, Rita, notre accompagnatrice nous fait prendre place dans un canot rapide. Le pilote est aussi notre guide, il nous commente le trajet et les caractéristiques de cette immense étendue d'eau douce ainsi que la vie qui lui est associée.

Carte du lac Teletskoïe

La branche nord-ouest du lac Teletskoïe

La branche nord-ouest peu profonde, est calme aujourd'hui, une mer d'huile.

Mais, plus nous avançons vers l'est, la profondeur augmentant, les vagues deviennent de plus en plus hautes et nous subissons les a-coups de la coque sur l'eau. Au passage nous apercevons les isbas des colonies installées sur les berges qui ne sont accessibles que par l'eau, Altoun-Kiol, Baïgazan, Yaïlou. Nous passons le cap du Mont Aji et après 30 km de navigation nous nous trouvons au centre des trois branches pricipales du lac Teletskoïe. A l'est la baie de Kamga mesure environ 10 km, la partie nord-ouest vers Artibach fait 30 km et au sud le grand bras approche les 50 km, il se termine dans le delta de la Tchoulichman, principale rivière qui alimente le lac.

Entrée de la Baie de Kamga à 30 km d'Artibach

Le lac est situé dans une faille géologique, ce qui explique la présence de berges abruptes et de falaises, d’où la rareté des lieux d'accostage. Ce relief fait que de nombreuses rivières s'y déversent par une ou plusieurs cascades. Sur le nombre nous en visiterons trois des plus spectaculaires: Korbou, Kichté et Estioubé.

Du point central du lac nous apercevons les sommets enneigés des montagnes au sud-ouest du lac, au centre de la photo nous apercevons la crête de Karabel (1960m) et les crêtes de l'Altyn-Touou (2298m).

Partie sud du lac Teletskoïe (50 km de long)

Après 36 à 40 km de navigation nous accostons enfin sur la plage de Korbou. Un sentier botanique nous mène à la cascade de la rivière Korbou, haute de 12.50 m enchâssée dans des falaises boisées. Le sentier est réalisé en bois avec des escaliers, des couloirs et des garde-fous pour éviter de piétiner les abords par souci d'écologie. En effet le site fait partie d'une Réserve Naturelle de l'Altaï fondée en 1932 et classée au Patrimoine Mondial en 1998. Le long du chemin les espèces forestières sont identifiées et leurs caractéristiques sont décrites sur des affichettes, au passage je prends quelques photos de la flore locale. Au retour de la cascade nous visitons un magasin de souvenirs et ensuite nous prenons place sur la petite terrasse d'un point de restauration ou nous dévorons un poisson grillé originaire du lac, accompagné de galettes.

Cascade de Korbou

Après les dernières photos sur la plage de Korbou nous regagnons le canot. Quelques kilomètres plus au nord nous stationnons face à la cascade de Kichté. Il est interdit d'y accoster, nous nous contentons de l'observer à une vingtaine de mètres. A cet endroit la rivière a taillé une profonde gorge dans les falaises abruptes et elle se déverse presque directement dans le lac.

Cascade de Kichté

Nous reprenons notre navigation et nous accostons à Estioubé situé à 13 km d'Artibach. Le "delta" de la rivière Estioubé est suffisamment étendu pour que les Altaïens y aient créé une base touristique. Nous montons jusqu'à la cascade principale par un sentier aménagé dans une profonde gorge. Vraiment impressionnant.

Cascade d'Estioubé

Le retour se fait en silence sur un lac parfaitement lisse. Au passage nous faisons une halte devant la figure de pierre du pic Tchepty. A cet endroit le lac est très resserré. La légende veut que tous les gens arrivant en bateau sur le lac devaient saluer cette tête de chaman, sinon ils couraient le risque de ne pas retourner chez eux sains et saufs. Peu aprés, nous passons devant la "Baie de pierre" sur la rive sud, c'est un cratère entouré de rochers au point de chute d'une météorite sur la bordure du lac,

Après une pause à Artibach dans un magasin de souvenirs et d'artisanat nous reprenons la route de Mangerok, fatigués par la journée mais comblés par le spectacle.

Effets de lumière sur le lac Teletskoïe

 Vendredi 15 septembre

Le matin nous avions quartier libre et pour nous détendre nous nous promenons le long de la Katoun. Plus tard, Ekaterina m'accompagne visiter le lac et le complexe touristique Aya, centre de haut de gamme aménagé dans un méandre sur la rive gauche de la Katoun. Je profite du soleil éclatant pour faire quelques photos. Nous sommes pratiquement seuls et de ce fait l'endroit est vraiment grandiose et calme, mais je n'ose pas l'imaginer en pleine saison touristique.

Parc Hôtel Lac Aya

Non loin de là, le chauffeur nous conduit à fontaine et la cascade de Tcheremchanska situées sur la rive droite de la Katoun. Nous marchons sur le sentier qui longe la petite rivière et après environ 500 m apparaît une source captée, très pure et fraîche. Plus loin une cascade surgit entre des blocs de rochers au fond d'une petite vallée. Le tout est enchâssé dans une végétation luxuriante.

Cascade de Tcheremchanska

L'après-midi, avec les deux soeurs Irina et Angelina et trois autres personnes nous suivons le sentier le long de la Katoun jusqu'au village de Mangerok. Tout en marchant Ekaterina nous commente la visite, nous approchons des nombreux et puissants rapides qui déferlent le long de la rivière, très prisés des amateurs de rafting. Arrivés proche du village dans une courbe de la rivière nous nous trouvons sur la berge face aux rapides, au loin au pied de la Montagne Bleue, nous apercevons les dernières maisons de Mangerok, et la trouée du télésiège qui coupe la forêt dense.

Le sentier dans la pinèdeMangerok, la Malaya Ciniouka et les rapides de la katoun

Arrivés à Mangerok nous passons faires quelques courses dans un petit supermarché. Nous sommes surpris par les nombreuses affiches ventant les produits de l'Altaï et sa proximité avec la nature.

Vue de Mangerok

Maison fleurie à Mangerok

Le village est constitué de maisons individuelles dont la plupart sont en bois avec des fenêtres décorées, en regardant par dessus les palissades nous pouvons les apercevoir derrière un un jardin fleuri et un potager.

Magasins à Mangerok

Nous retournons tranquillement à Tour-Mangerok, à notre arrivée nous avons droit à une séance de spéléo-aromatothérapie. Après le repas je profite du calme de la soirée et de la beauté des lieux en marchant le long de la rivière, je regarde les pêcheurs en attendant le coucher du soleil sur la montagne du Doigt du Diable.

Petit pêcheur deviendra grand

Coucher de soleil sur le Mont du Doigt du Diable et la Katoun

Samedi 16 septembre

Après le petit déjeuner, je fais ma traditionnelle balade dans la pinède et je saisis des superbes levers de soleil sur la Montagne Bleue, la journée s'annonce belle. Le programme va être chargé...

Lever de soleil sur la Malaya Ciniouka

Vers 10 h 30 je pars de Mangerok en compagnie d'une quinzaine de personnes et de Rita, notre guide du jour. Le minibus doit nous amener du village situé au km 470 de la Voie de Tchouya jusqu'au site de pétroglyphes de Khalbak-Tach, au km 723, pour un périple de 250 km intitulé "Dans les siècles passés".

La Sema à Kamlak

La route est de bonne qualité, le minibus, malgré son grand âge roule bien et nous ne nous lassons pas d'admirer le paysage qui défile. Nous longeons la Sema jusqu'au Col de Seminsk. Entre temps nous faisons une petite halte au café Ibis-Barlak. Le col de Seminsk (1717 m) se situe au km 583 de la Voie de Tchouïa, c'est un des lieux les plus mytiques de la région, c'est aussi un point de transition entre l'Altaï continental touristique et l'Altaï plus traditionnel à connotation mongole, beaucoup plus sauvage.

Cèdre du chaman au Col de Seminsk

Au col de Seminsk la forêt de feuillus fait place à une forêt plus clairsemée d'imposants "cèdres" (Pinus cembra subsp. sibirica) dont certains sont multicentenaires. Passé le col, vers le sud, les arbres font place à une végétation de toundra basse.

Obélisque érigé en 1956 (200 ans de l'Altaï dans la Russie)

Au sommet du col une obélisque a été posée en 1956 pour marquer le 200ème anniversaire de l'adhésion de la République d'Altaï à la Russie. Au sud, sur les pentes du mont Tyakta se trouve une station de ski et de préparation  Olympique. Sur les côtés de la route de nombreux étalages proposent aux passants de l'artisanat, des souvenirs et des produits locaux (miel, pignons de cèdre, thés, vêtements, fourrures…). Le col de Seminsk marque la limite entre l'Altaï touristique et l'Altaï sauvage.             

La Voie de Tchouya au col de Seminsk (1717 m)Centre Olympique du col de Seminsk

Nous reprenons la route, après la descente du col nous faisons la pause repas dans un restaurant au bord de la rivière Oursoul à Touyekta au km 614. La cuisine typique était loin de la gastronomie. Nous marchons sur un chemin bordant la rivière nous dégourdir les jambes tout en admirant les paysages arides, et la petite vallée, seul endroit de verdure.

En descendant du col de SeminskLa voie de Tchouya à Touyekta

Nous preprenons la route et traversons Karakol célèbre pour son Parc Naturel et Ethnographique Ouch-Enmek, mais ce n'est pas l'objet de notre excursion car il faut prévoir au minimum une journée pour vraiment s'imprégner de ce site.

Village Chachikman

Nous faisons la pause carburant à Ongouday, petite ville de 5700 habitants (altitude 830 m) enchassée entre les montagnes, puis nous nous dirigeons vers le col de Tchike-Taman, au km 659.

Vue d'Ongouday

Le Col de Tchike-Taman (1277 m) n'est pas très élevé mais il représentait un obstacle infranchissable à certaines périodes de l'année. C'est le deuxième col mythique de la voie de Tchouïa dont les rampes à fort pourcentage de pente mettent en difficulté les véhicules les plus puissants.

Les rampes du col de Tchike-TamanVallée de la rivière Maliï Ilgoumen L'arbre aux prières

Au sommet du col se dresse un mémorial en hommage aux ouvriers qui ont durement travaillé pour créer la voie de Tchouïa. Nous verrons dans une autre page le rôle joué par Chichkov dans l'amélioration de cette route mythique. Comme dans tous les lieux touristiques des vendeurs de souvenirs et d'artisanat sont installés sur le chemin qui mène au rocher du chaman et aux arbres de prières. De cet endroit la vue sur les vallées est à couper le souffle. On ne se lasse pas de parcourir des yeux ces paysages semi désertiques.

Monument aux ouvriers du col de Tchike-TamanEtalages au col de Tchike-Taman

La descente du col est aussi ardue que la montée avec des virages en épingles à cheveux, heureusement pour nous, la route a été élargie et le revêtement est en excellent état.

Les troupeaux de bovins se font rares et sont remplacés par des chevaux. J'ai même aperçu des yaks près d'un village. Les paysages sont superbes avec des couleurs chamarrées de gris, de rouille, de vert pâle, parfois obscurcis par quelques nuages d'altitude qui filent rapidement. Le dépaysement est total.

Troupeau de chevaux au sud du col de Tchike-Taman

Peu après le village de Koupchegen, à Kour-Kechou la vallée sélargit, nous atteignons le confluent des rivières Bolchoï Ilgoumen et Katoun. Tiens! nous retrouvons la Katoun! Effectivement c'est l'endroit ou la Katoun s'engouffre dans des gorges infranchissables sur une cinquantaine de kilomètres, le dernier village au sud de Tchemal étant Kouyous.

Kour-Kechou, au Confluent des rivières Bolchoï Ilgoumen et Katoun

Nous longeons la rive gauche de la Katoun, des rapides impressionnants de puissance s'étagent sur le parcours. Tout le long du parcours et sur les terrasses sont éparpillés des vestiges des civilisations anciennes, pierres dressées, kourganes, pétroglyphes... Nous passons le défilé de Yaloman et la Porte de Pierre. 

Les gorges de YalomanLes terrasses de la Katoun à YalomanTraversée du pont de Maliï Yaloman

Le passage sur le pont de Maliï Yaloman le paysage est saisissant et faisons une petite halte dans ce village. Des passagères achètent des pommes.

Vente de pommes à Maliï Yaloman

Maliï Yaloman est petit village situé à l'entrée des gorges. Sur les deux rives de la rivière des collines de roche friable érodée et couvertes d'une maigre végétation barrent la vue sur les montagnes environnantes. Le paysage est grandiose.

Maliï YalomanMontagne friable à InyaInya 

Nous reprenons la route, l'étape suivante a lieu au confluent de la Tchouïa et de la Katoun. Un endroit vraiment splendide. A cet endroit la route surplombe de 70 m les deux rivières. Youri nous conduit tout d'abord vers des rochers en bordure de la route et nous montre des fossiles incrustés dans la roche.

De là, nous prenons un sentier qui s'avance vers le sud, nous nous rapprochons du confluent. Nous passons près du buisson du chaman avec sa cohorte de rubans, et, après 300 m nous arrivons sur une petite plateforme rocheuse qui nous offre un panorama époustouflant. A nos pieds les eaux claires de la Tchouïa se mélangent progressivement aux eaux turquoise de la Katoun.

Vue de la Katoun qui s'écoule vers le nordLe méandre de la Katoun 

Nous prenons le temps de respirer l'air pur de la steppe et de profiter du silence rarement interrompu par un bruit de moteur d'autobus ou de voiture (dans cette région isolée la circulation est très calme). A l'est, la vallée de la Tchouïa forme une plaine encaissée entre deux chaînes de montagnes et entaillée sur plusieurs dizaines de mètres de profondeur par l'impétueuse rivière entrecoupée de gorges et de rapides. Face à nous descend la Katoun, venant tout droit du sud, sous nos pieds elle décrit un grand méandre dont la courbe est accentué par les eaux de la Tchouïa.

Confluent: la Tchouïa (à gauche) se jette dans la Katoun

Les terrasses des deux rivières sont plates ou légèrement ondulées, recouvertes d'une maigre végétation semi-désertique, et de couleur vert pâle tirant sur le jaune paille. Les montagnes éclairées par le soleil sont de couleur rouille ou blanchâtre selon la présence de végétation ou non. Quelques arbres verts ou dorés sont éparpillés sur les berges des rivières, seuls endroits ou ils sont présents sur ces terres arides.

Oeillet Buisson du chaman

En face de nous se succèdent les crêtes des montagnes jusqu'au Mont Beloukha (4506m) sur les pentes duquel le glacier Gebler donne naissance à la Katoun. Elle sort du glacier près de la frontière avec le Kazakhstan à environ 70 km de nous et à 2000 m d'altitude. Elle s'écoule vers le sud puis elle contourne le massif Beloukha par l'ouest, revient vers le nord jusquà Oust-Koksa, puis elle se dirige plein est, et enfin elle oblique vers le nord pour rejoindre la Tchouïa sous nos pieds, et continuer jusquà Biïsk. La Katoun en quelque sorte une forme de point d'interrogation renversé dont la boucle décrit un ovale de 60 à 70 km de diamètre.

Au confluent, les montagnes du sud de l'Altaï exposées à l'ombre nous envoient des couleurs variant du bleu clair, au violet et au noir, elles forment contraste saisissant avec les bleus clairs et turquoise des rivières, et les couleurs chaudes des steppes au soleil. Un avant goût de Mongolie ou de Kazakhstan tout proches.

Moment de détente face à la vallée de la Tchouïa

Le but ultime de notre journée se situe à une quinzaine des kilomètres. Au passage nous apercevons une partie des rapides de la Tchouïa réputés pour leurs difficultés, qui font l'objet de compétitions internationales. Sur une terrasse, au pied des montagnes rocheuses, sont implantés quelques bâtiments en bois et un corral. C'est le site de pétroglyphes en plein air de Kalbak-Tach. Nous sommes accueillis par un guide, grand spécialiste des vestiges des civilisations passées. Il nous précède sur le gisement de pétroglyphes qui s'étend sur plusieurs dizaines de mètres, et nous commentes les différentes places ou figurent les gravures sur des pierres au sol ou sur des parois.

Site des pétroglyphes de Kalbak-Tach

Gravure sur pierre

Gravure de cervidé

Le point surélevé nous offre une belle vue sur la vallée de la Tchouïa et des montagnes environnantes.

Après avoir pris congé de notre guide nous avons repris le chemin du retour, silencieux, bercés par le ronflement dans le minibus, plongés dans une profonde rêverie après cette journée exceptionnelle.

Venez visiter les albums de photos nommés:

A "Mangerok 1" et Mangerok 2" / "Lac Teletskoïe" / "Lac Aya - Tcheremchanska" / "Pétroglyphes de Khalbak-Tach"